vendredi 30 octobre 2009

Anis à l'Orangerie au Botanique, 29/10/2009

Ces quelques mots de mon invité de coeur au concert d'hier soir : "Alors. Jeudi 29 octobre 2009, Anis à l’Orangerie du Botanique from Brussel. Anis, très loin des vapeurs anisées du Ricard des campings à la Dubosc. Ouf, j’ai horreur des soirées à Cabaret du Monde des cons. Non, plutôt badiane, la fleur de la méditerranée, mais aux origines mâtinées de Ruskoff, sans ses papiers, passé par la « Gare de l’Est », toujours à l’Ouest, gentil à l’Ouest. Sur scène, après une très belle première partie de petits gars de chez nous (au nom imbittable de « Sinus Georges », quand même on dirait une maladie qui glaire) Sinus Georges
: voici que déboulent 7 Blues Brother’s, fringués à la chicos : 2 cuivres, 2 guitares (dont 1 clavierzenplus), 1 batterie, 1 basse-contrebasse, frangin du chanteur anisé. Sans oublier Anis 1er. Lui-celui-ci arrive un peu stressé, en tout cas super concentré. Il lui faut 2-3 morceaux pour se lâcher les zygomatiques. Mais alors ça y va. Super énergie, présence et prestance, entouré de gaillards qui savent ce que jouer veut dire. Et qui se prennent un vrai pied qui pue pas la prétention. Le répertoire – qui pépite- emporte les mecs et les pépettes – un public trentenaire et quadra avec des petiots et quelques jeunots, tout le monde quoi-. Ca valse musette, ça ragga, ça reggae, ca rock à Billy et aux autres... surtout ça groove grave, un peu soul Motown sous de beaux éclairages et avec un son plutôt pas mal précis. On peut encore améliorer la clarté du mec qui chante en français, merci pour les violons et les sanglots longs des sonotones. 2 bonnes heures festives sans gras du bide (à la Sébastien, j’y reviens), de l’élégance sans prise de tête. Un super concert avec des rappels de chez rappel et un Anis (sans pluriel) qui s’ouvre, rit, se marre et nous amuse. En somme de la vraie chanson française mondiale, sans Sevraneries désevrantes. Un excellent moment, je vous dis. Pierre VD http://www.myspace.com/anislachance Site officiel d'Anis

lundi 5 octobre 2009

Le plus beau métier du monde...qu'ils disaient...

"Chère Madame Simonet, Le début de cette lettre devrait vous rassurer. Vous allez bientôt réaliser de substantielles économies dans l'enseignement, bien plus sans doute que ce que vous espérez. Et, pour cela, vous n'aurez même pas besoin de vous confronter aux professeurs et aux syndicats. La Communauté française fera des jaloux en atteignant l'équilibre budgétaire avant 2015. Génial, non ? Pour atteindre vos objectifs, vous ne devrez pas fournir beaucoup d'efforts. Suivez donc la voie empruntée par vos prédécesseurs, saupoudrez-y encore un peu plus de mépris à l'égard des enseignants et vous achèverez la tâche entamée avec zèle avant vous. Quand, enfin, il n'y aura plus de profs, quand plus aucun jeune ne voudra s'engager dans le métier et que tous les anciens l'auront quitté, la Communauté française sera sauvée, Madame la Ministre ! Plus de salaires à verser, plus d'argent à dépenser pour les bâtiments qui tombent en ruine et où nous devons enseigner aux enfants à aimer le beau et la citoyenneté responsable, plus de profs pour se plaindre de ne plus pouvoir mener leur mission à bien. La Communauté française deviendra le désert éducatif qu'elle mérite d'être et elle ne coûtera plus un centime aux pouvoirs publics. Les écoles privées, dont seuls les nantis pourront se payer les services, s'épanouiront et les pauvres apprendront l'alphabet en regardant les lettres en vermicelle de leur soupe ! Voulez-vous en arriver là, Madame Simonet ? Voulez-vous ajouter votre nom à ceux de sinistre mémoire de celles et ceux qui, avant vous, petit à petit, mais sûrement, ont déstructuré, voire détruit l'enseignement dans la partie francophone du pays, celles et ceux qui ont cassé du prof et qui, à force d'inconscience et de décrets débiles, ont fait fondre les enthousiasmes ? http://rmgr.pressbanking.com/scripts/GetImg.asp?t=O&n=5173&o=24441&z=9&a=9955&v=300434&r=090924\Art84.htmlJ'enseigne depuis près de trente ans, Madame, et je suis heureux dans mes classes. Pourtant, au fil des ans et des réformes, je constate que mon métier devient de plus en plus difficile à exercer et que, bientôt, plus aucun jeune ne choisira de s'y engager. Que deviendra notre société sans école, Madame la Ministre ? Je suis en colère. Vous faites croire au grand public que nous travaillons vingt à vingt-deux heures par semaine. Faisons un rapide calcul : 22 heures de présence devant nos classes + 22 heures (et c'est compter petit) pour préparer nos cours et les batteries d'exercices interactifs selon les nouveaux critères mis en place par le ministère + 20 heures pour corriger les interros (environ douze minutes par copie multipliées par une centaine d'élèves, et en français, douze minutes, ce n'est pas un luxe !). J'en arrive déjà à plus de soixante heures par semaine et, bien entendu, je ne compte pas la pédagogie différenciée à mettre en place au fil des jours, les surveillances à réaliser bénévolement, les bulletins, les conseils de classe, les réunions de parents, les élèves en difficulté à aider pendant les récrés ou sur le temps de midi, les concertations avec mes collègues… J'arrête là, Madame ! Je ne voudrais pas vous donner l'impression que je travaille plus que vous ! Cela pour un salaire qui fait sourire les gens qui, à diplôme égal, bossent dans le privé. Qui ont un véhicule de société, qui ont le temps de faire une pause-café, qui ne doivent pas gérer des groupes de jeunes parfois très difficiles, qui ne sont pas confrontés à des parents de plus en plus revendicateurs et irresponsables, qui ne doivent pas se transformer en psy, en infirmier, en policier… et qui ne sont pas sans cesse à la merci de nouvelles règles pondues par des chercheurs en chambre qui trouvent des solutions miracles impraticables sur le terrain ! Sans compter les cohortes d'inspecteurs qui, en deux coups de cuillère à pot, décident de la valeur d'un prof qui se consacre, avec bonheur et avec honneur, à son métier parfois depuis plus de vingt ans ! J'en ai rencontré, et plus d'un, des gens qui ne croyaient plus en leur travail, qui ne croyaient même plus en eux, après la visite de vos évaluateurs ! « Merde », Madame la Ministre ! Le mot n'est guère choisi, surtout pour un professeur de français, mais il convient à la situation. En nous infantilisant, en nous ôtant la gestion de notre métier, en nous faisant passer pour des nuls, vos prédécesseurs et vous n'avez eu de cesse de détruire « le plus beau métier du monde » depuis les années 90. Si cela ne concernait que nous, ça n'aurait peut-être qu'une moindre importance, mais ça concerne les enfants de la partie francophone de notre pays, ça concerne notre avenir à tous ! Peu vous importe, sans doute. Lorsque, faute d'écoles et de profs, votre fonction n'existera plus, on vous dénichera un autre portefeuille. Mais vos futurs électeurs, devenus analphabètes, comprendront-ils encore qu'ils doivent voter pour vous ?" Frank Andriat, écrivain, professeur à l'athénée communal Fernand Blum de Schaerbeek, auteur de « Vocation Prof » (éd. Labor/Érasme)